mardi 17 mars 2009

On n'est pas rendu...

Bon, j'ai un problème.

Je suis célibataire. Ça, ce n'est pas un problème en soi. C'est-à-dire que mon histoire m'a permis d'apprendre et d'apprécier cet état de solitude - forcé, je vous l'accorde. Et puis, j'ai l'espoir que ce ne sera qu'un état passager... Là où il y a une difficulté, c'est que (comme le reste du monde des invertis semble le dire) je rêve d'une situation à deux ET STABLE. Vous voyez le soucis ?

Il parait, d'après mon premier amour qui a fui en Asie, que les relations sont beaucoup plus stables et heureuses là-bas. Le crédit lié à l'objectivité de son point de vue est plus bas que le QI d'une moule donc je n'en parle pas et je me centre sur la seule population gay que je connais (assez peu quand même) : celle de Paris.

J'ai écouté les gens, j'ai lu des blogs, j'ai reçu des témoignages au cours de discutions imprévues et j'ai constaté que le schéma est très souvent le même. Les "jeunes" de moins de 30 ans sont totalement instables et personnifient à la perfection le bal des spermatozoïdes en mouvement lors d'une fécondation : ça part dans tous les sens et à la fin, tout le monde a rencontré/connu tout le monde (et il n'y en a qu'un seul qui s'en sort ?). Au delà de 30 ans, il existe une nouvelle pression sur les épaules, celle de l'âge avançant et des capacités/caractéristiques physiques au bord du début du déclin (pas besoin que ça ait commencé : le mal est dans la tête). Il devient donc urgent de trouver une âme sœur et de s'installer durablement avec elle car on pense que le pouvoir de séduction tombera aussi vite que les poignets d'amours naissants pendouilleront.

J'ai 25 ans. Je rentre dans la catégorie des spermatozoïdes. Pourtant, j'ai un désir supérieur à un gamète. Que puis-je espérer ?

J'ai dit que l'âge semble un bon remède à la frénésie de la jeunesse. Là où c'est moins amusant, c'est que je n'ai pas les mêmes projets qu'un autre qui a 10 ans de plus que moi. Ça ne peut donc pas coller : nous ne regardons pas dans la même direction (il y a des exceptions, c'est vrai... et j'ai bien tenté l'expérience...). L'âge attendra (mais pas longtemps, je le devine déjà).
Pourquoi les jeunes sont si volages, alors que tous rêvent d'une vie établie ?!? J'ai lu une hypothèse explicative là-dessus. La raison serait le "pullulement" des gays dans Paris, ville Lumière. Une séparation devient sans importance car le remplacement est assuré à peu de frais.
On ne peut pas en dire autant dans les autres villes françaises, moins bien fournies. Paradoxalement, il serait donc préférable d'être en "province". Une vie socialement plus dur mais à deux contre une vie facilité mais esseulée.

Peut-être avez-vous vu percer mon deuxième point : le changement est facile parce que l'histoire et les contraintes sur le monde inverti (j'adore ce mot !!!) l'ont étrangement libéré sur le plan sexuel. Comparons : un hétérosexuel est confronté à la pudeur sociale, se marie en promettant la fidélité, se lie puissamment par un enfant, etc. Et je ne m'avance pas sur cette histoire comme quoi les femmes sont moins enclines à s'offrir que les hommes, d'où des rencontres et alliances moins évidentes entre hétérosexuels (réputation que je serai bien en mal de prouver ou justifier mais qui semble assez pertinente). En opposition, le monde gay n'a pas à se soucier des problèmes de reproduction (mais doit se protéger quand même s'il ne veut pas, à défaut de se lier avec une femme, signer un contrat avec la mort). L'uranien (j'adore aussi ce mot... j'adore le français en fait ! A tout point de vue !) peut trouver des lieux spécialement destinés aux rencontres à but sexuel (bars, boites, saunas, etc.) qui ne sont pas des bordels et dont les relations reposent sur un consentement mutuel, ce qui efface tout sentiment de culpabilité ou de prostitution. Bref, l'inverti peut se "soulager" sans aucune difficulté alors que l'hétéro est frustré. Nous, pédés, avons de la chance ! Sauf qu'on désacralise totalement le lien amoureux-sexuel et qu'on oublie ce qu'est la stabilité. Bref, en satisfaisant la libido, on détruit l'espoir de nos esprits. Tant que nous jouissons de la jeunesse éternelle (cf. Aznavour) et qu'il n'y a aucune règle nous contraignant réellement à se poser (je pense éventuellement à un mariage gay, oui), nous ne changerons pas...

Je crois que ma seule solution, c'est d'attendre la trentaine.

4 commentaires:

  1. Et si l'instabilité était le meilleur moyen de ne surtout pas s'engager dans quelque chose de sérieux. Ce serait une défense efficace contre la peur de vieillir, non ? Moi c'que j'en dis...

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  2. Je n'ai pas envie d'avoir peur de vieillir. Certains trentenaires sont magnifiques, n'est-ce pas ? Je n'ai pas envie de me faire écraser par les canons imposés du milieu.

    Et puis, quand je m'engage dans quelque chose, je ne garde rien. D'aucun diront que ce n'est pas une bonne chose mais, pour le moment, je suis ainsi : je ne triche pas, je me consacre (un jeu de mots ?...).

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  3. Ce blog est génial, j'aurais voulu l'écrire il y a 10 ans (mais ça existait ?). Je partage ton analyse, tant sur les vieilles peaux que sur les gamètes, mais nous sommes carrément victimes d'une image que nous nous imposons de nous-mêmes, qui n'est guère objective à mon avis. Laisse venir, ça viendra.

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  4. @Jérôme : merci en tout cas pour le commentaire. Pour ce qui est d'attendre, je crois que je n'ai pas le choix... si ce n'est de raconter une bribe de mon week end... diable...

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