mardi 24 mars 2009

Mutilation

Mon dieu, comme j'ai mal au ventre...

Je viens d'apprendre que mon ami L, seule personne à qui j'ai révélé mon homosexualité au boulot, va quitter ma boite. Et va aussi quitter Paris pour Marseille.

Fin d'un temps.

Perte d'un ami.

Douleur profonde.

Vide intérieur.

Je sais. On dirait que je pleure un mort. Et je sais aussi, il n'est pas mort. Mais comment vous dire que j'organise un repas tri-hebdomadaire et qu'il avait sa place à ma table ? Comment vous faire comprendre que je sais par expérience que le contact s'effilera jusqu'à s'effacer, irrémédiablement ? On peut bien me dire que la distance n'altère pas l'amitié, je sais que ce n'est pas vrai. Le temps passe, il efface nos traces si on ne les imprime pas régulièrement. Comment vous dire que je perds un confident dont l'absence ne sera pas palliée ? Comment faire comprendre que je suis dépossédé d'un compagnon de vie et que je me sent amputé d'un éclat de cœur ?

La langue française est une langue riche. Je m'étonne pourtant tous les jours qu'aucun mot n'existe pour parler de ces joies et ces peines si profondes que la vie nous apporte. Je fouille bien le lexique des mots inusités et alambiqués mais non, aucun ne peut dire à cet instant la peine que j'ai en moi.

Au revoir, L, ma porte te sera toujours ouverte.

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