dimanche 28 juin 2009

La fierté en 2009

C'était une belle Gay Pride ! C'était aussi la première à laquelle j'allais. Je ne peux pas être déçu ! Des chars qui débordaient de joie étaient séparés par des créatures plus extraordinaires les unes que les autres et par une foule dense et enjouée. Je me suis lancé et j'ai intégré la foule qui faisait office de traîne au bus rouge Durex. Pourquoi ce char ? D'abord parce qu'il diffusait de la bonne musique, ce qui est primordial quand on suit un char pendant plusieurs heures ; ensuite parce qu'il distribuait capotes et drapeaux arc-en-ciel et je n'avais ni l'un ni l'autre avec moi en arrivant ; enfin parce qu'il y avait en haut du bus un fort joli garçon et ça ne gâchait rien au paysage.

Assez rapidement, l'impression que j'avais eu en regardant défiler les premiers chars s'est confirmée avec l'analyse des gens que j'avais autour de moi... jeunes ! J'avais lu quelques articles de gens plus âgés qui parlaient nostalgiquement des Marches du passé, en disant que ça ne valait plus le coup d'y aller, que c'était mieux avant, etc. Que ces messieurs ne se fâchent pas mais il me semble que la jeune garde, pleine d'énergie et de rêves, a pris la relève...

N'empêche que ça m'a fait bizarre quand ce minet s'est approché de moi et m'a mis le bras autour de la taille (j'étais torse nu, forcément).
- Salut. Tu es seul ?
- Oui...
- Comment tu t'appelles ?
- Lazare...
- Quel âge as-tu ?
- 25 ans... mais toi tu es bien jeune...
- J'ai 18 ans !!!
...
...
*** Je lui dis de retourner chez sa mère ou je lui demande si son bac s'est bien passé ? ***
...
- Je préfère les mec plus vieux.
- Fait-moi un bisous quand même...

Voyant bien qu'il n'allait pas me lâcher, je me décide à lui claquer une bise pour en finir. Le petit con. Pensait-t-il vraiment qu'il allait m'avoir en tournant la tête au dernier moment pour qu'il puisse me rouler un palot ? Je ne suis pas né de la dernière pluie, j'avais visé l'oreille. Avec son mouvement de tête, j'ai touché en plein dans la joue... Il est parti et je ne me suis pas retourné.

J'ai raconté cette histoire a un ami, plus tard. Il m'a demandé si je n'avais pas eu envie de ce corps tout neuf, qui ne demandait que ça (car, pour moi, toute cette discussion d'anthologie aurait pu se résumer à "Est-ce que tu peux me dépuceler ?"). Bah non, franchement non. Je ne suis pas attiré par les mineurs, là c'est très clair ! Et j'avoue que c'était assez perturbant. Je ne suis d'ailleurs pas sûr de savoir entièrement pourquoi...

J'ai continué à suivre mon char, jusqu'à dépasser le pont Sully. Quelques centaines de mètres avant la place de la Bastille, je me suis arrêté sur le coté pour voir le reste du cortège passer. J'avais marché (danser serait sans doute plus proche de la réalité...) pendant 4 heures et je suis resté encore 1 heure à regarder les gens passer. Et puis, au bout d'un certain temps, le cortège s'est immobilisé et n'est plus reparti. La raison était assise devant le char GayLib et s'appelait Act'up et Panthères Roses. Débat complexe : les deux associations bloquaient le char GayLib, mouvement affilié à l'UMP, car selon eux le parti au pouvoir n'avait quasiment rien fait pour les droits des homosexuels, contrairement aux promesses du "candidat Sarkozy". Je suis relativement d'accord pour dire que l'UMP s'est platement couché sur le sujet - je pense notamment au projet de loi de Nadine Morano sur les couples homoparentaux. Mettre une pression sur le char allié de l'UMP est une bonne chose, d'après moi. Cependant, si les politiques doivent recevoir une piqûre de rappel, il n'y a pas de raison de s'opposer aux homos qui sont sur le char : nous avons le même combat. Le débat de savoir s'il faut bloquer le char devient donc un dilemme particulièrement sournois...

vendredi 26 juin 2009

Mime de poête

Ce soir, je suis allé voir le spectacle de Julien Cottereau, Imagine-toi. C'était extraordinaire. Fantastique. Étourdissant. Je ne tarie pas de superlatifs pour qualifier ce moment de magie. Monsieur Cottereau, pendant une heure et demi, fût habité par une âme qui n'est sans doute pas la sienne et qui est pleine d'innocence, de pureté et de simplicité. Sans un seul mot, il nous a fait comprendre bien plus de choses qu'avec tous les discours du monde et nous a transporté de joie, de tristesse, d'inquiétude, de satisfaction, de curiosité. Son interaction avec le public est très forte. Il est même descendu plusieurs fois de scène pour s'amuser avec nous mais sans jamais que cette âme si charmante ne le quitte. C'était merveilleux.

L'annonce d'un spectacle si réussi s'accompagne d'une autre bien plus terrible : il ne reste qu'une seule représentation prévu : le samedi 27 juin. Si vous avez la possibilité d'y aller, n'hésitez pas une seconde !!! C'est un moment qui ne peux pas être remplacé.

Merci, Monsieur Cottereau.

Fête de la Musique 2009

Bon Dieu, le temps passe et je manque de présence ! Comme je n’ai toujours rien à raconter mais que ma vie est faite d’une myriade de petits plaisirs, laissez-moi vous narrer ma fête de la musique.

La journée de dimanche a commencée vers 13h (ce qui est un bon début, d’après moi). Je me suis rapidement mis en selle et, une heure plus tard, j’étais devant les grilles du palais de l’Elysée, à admirer la fanfare de la Garde Républicaine. Je n’avais jamais vu de représentation « trompette et tambour » et je dois admettre que, mis à part une certaine similitude avec les bruitages guerriers de films tels que Il faut sauver Ryan qui se meurt dans d’atroces souffrances, c’est très impressionnant. Le tambour, surtout. Une grande maîtrise, tout en toucher, en célérité et en nuances (terme musical consistant en une modification de l'intensité d'un son ou des phrases de l'exécution musicale, merci mon Trésor). Fin de fanfare, lancement de l’orchestre de la Garde Républicaine qui, après avoir interprété quelques morceaux de jazz magnifiquement exécutés (ils sont tout de même très fort…), s’est livré à une apologie de l’œuvre intégrale de… Johnny Hallyday. Quelle surprise…

Bien que l’accès à la cours du palais fût public, je ne m’y suis pas aventuré pour deux raisons. La première, majeure, était que j’avais un couteau dans la poche. Tenter de passer les portiques avec, c’était comme vouloir passer une nuit avec David Beckham sur le Nil : improbable. La seconde raison, majeure, était que je ne voulais pas m’enfermer dans un lieu précis, sans pouvoir bouger selon les envies : la fête de la musique c’est aussi le papillonnage institutionnalisé. Enfin, troisième raison (majeure) : j’ai pris un immense plaisir à regarder s’affairer la sécurité devant la façade de l’Elysée. Il semblait y avoir une bonne ambiance entre les différents agents de sécurité, les gardes républicains ayant revêtus la tenue d’honneur et les autre… ah, les autres ! Ils étaient quatre, quatre stéréotypes de film d’espionnage. Un cinquantenaire petit, au ventre rebondi, en costume beige, armé, qui en a déjà vu d’autres. Prêt à faire intervenir l’armée s’il le faut et pas de quartier, bien entendu… Avec lui, un trentenaire très grand, sec, nerveux, costume noir pour cheveux bruns et visage sombre, qui ne cesse de faire des allers-retours sur toute la longueur de la rue. Le vent soulevait sa veste et laissait apparaître un bracelet orange SECURITE ainsi qu’une discrète arme de poing. Une sorte de Thierry Lhermitte en plus nerveux, au final. Beaucoup plus calme était la tour de contrôle d’un mètre soixante-dix typée asiatique, pantalon noir en pattes d’éléphant, veste beige cintrée, coiffure parfaite, maquillage parfait, le tour donnant un air sobre mais indéniablement chic et stylisé. Enfin, voila la perle de l’équipe qui arrive. Celle-ci devait avoir un statut supérieur aux autres puisqu’elle était la seule à être autorisée à entrer dans les bâtiments. Habillée toute de noir avec un grand manteau en fourrure (je précise qu’il faisait un temps radieux et que j’avais chaud rien qu’à les regarder), prête à enchaîner sur la soirée de gala qu’elle devait avoir planifiée pour le soir-même, deux talkie-walkie sur ses hanches et un téléphone vissé sur l’oreille. En résumé, Kristin Scott Thomas en moins sexy et moins vieille aussi. Voila l’équipe des quatre tueurs chargés de veiller sur la « sécurité présidentielle de façade »…

Je vais vite pour la suite. Je me suis transporté de l’entrée de l’Elysée aux jardins public du palais et j’ai pu apprécier opérette (un Mari à la porte d’Offenbach, remarquable !), quintette (exécutant les Quatre Saisons de Piazzolla) et orchestre des gardiens de la paix. Bon, l’orchestre manquait somme toute de puissance donc j’ai filé à l’anglaise pour me retrouver… dans un gala de fin d’année d’école de flamenco, bien sûr ! C’était génial. La quasi-totalité du public était composée des parents et amis des danseurs/danseuses et j’étais, je crois, le seul véritable amateur. Gros moments de solitude quand un pas difficile et rapide était exécuté sous mes yeux et que, dans un silence assourdissant, je lançais un « olé » pourtant de circonstance. J’en suis tout de même sorti plein de soleil dans la tête et de rythme dans les mains.

On est gay ou on ne l’est pas. Moi, je le suis (vous le saviez ? Ah…). Je me suis donc dirigé vers le seul endroit où je me devais de faire un passage (et préférentiellement à la tombée du jour) : le marais. Je vous entends bien médire « il fait parti du milieu, c’est une gay victim, incapable de stabilité émotionnelle, un minet superficiel, etc. » Fichtre, comme vous vous fourvoyez ! Ce qui est remarquable pendant la fête de la musique, c’est qu’on voit des gens dans des endroits où ils ne vont pas habituellement. Je suis donc persuadé que l’endroit était surchargé de gens surprenants et inattendus, ce soir-là...

J’arrive. Musique forte dans des rues bondées de monde. Quatre montagnes de muscles dansent en boxer devant le Raidd Bar. D’autres, moins impressionnants, s’exhibaient à leurs fenêtres. Le contraste entre les deux amateurs qui s’exposaient là-haut était d’ailleurs amusant : le premier n’avais aucun sens du rythme et ne connaissait pas le mot sensuel alors que le second devait sans doute passer toutes ses soirées sur les podiums des boites de nuit.

J’étais adossé à une voiture (blanche, je ne sais plus la marque, une Peugeot je crois) près de l’Open Café et je discutais avec un ami. C’est alors qu’est sorti de la foule un éclair de beauté. Il faisait un mètre soixante-dix à peu près, blond aux cheveux courts, des lunettes biens portées, un style vestimentaire que je qualifierai de neutre, un corps correctement proportionné, un mec sans prétention et dont l’intelligence luisait dans les yeux. Dès que je l’ai vu, je lui ai lancé mon sourire le plus accrocheur… qui a payé puisqu’il s’est arrêté pour me regarder et me retourner son sourire. Aaaaaarrrrrrrrr… Pardon. Il s’est remis à marcher, a tourné à nouveau la tête vers moi et a soudain disparu dans la foule. Pourquoi ne l’ais-je pas poursuivi ? Je me boufferais… SI TU TE RECONNAIS, REVIENS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Tu es beau et nous sommes faits pour nous entendre ! Je ne peux pas expliquer comment je le sais, mais je le SAIS. Comme je regrette de ne pas l’avoir approché… Contemplez mon malheur.

Malheur somme toute limité puisque je n’ai pas fini la soirée seul. Enfin, façon de parler. Je suis potentiellement en couple, dirons-nous, sans en être vraiment sûr ni en sachant si je le souhaite. Mais je sens que mon ruthénien, lui, est bien accroché (il a décliné mon invitation à dormir chez moi, prétextant qu’il « n’était pas pressé »). Je suis donc perturbé, plein de questions existentielles et je compte bien sur l’avenir pour me guider dans le feu de l’action. Bref, j’ai des problèmes de moitié…

vendredi 19 juin 2009

Fichtre, nul bon mot ne me vient

Je n’ai pas grand-chose à écrire, en ce moment. Pas d’inspiration. Je ne peux que lancer des éléments sans lien entre eux ni intérêt majeur… eh bien, lançons !

Ce blog étant tout de même gay-oriented (l’expression gay friendly me semble totalement euphémiste), je vais commencer par un sujet adapté à la chose. Ma curiosité s’est posée il y a quelques jours sur les jockstraps. C’est d’ailleurs avec surprise que j’ai pu voir d’autres bloggeurs parler de lingerie masculine simultanément à mes petites expériences personnelles. Toujours est-il que ces messieurs se sont penchés sur les slips ou boxers quand j’ai porté mon attention sur un sous-vêtement bien plus déshabillé.

Vous avez forcément déjà vu des photos de beaux éphèbes portant avantageusement ce slip auquel il manque tellement de tissu que les fesses s’en trouvent totalement découvertes. Les bandes du jockstrap soulignent alors les courbes des muscles fessiers et dieu sait que ça rend désirable (en tout cas par moi). Mais quelle sensation cela procure-t-il si je porte moi-même ce sous-vêtement ? Ni une ni deux, il fallait que je sache ! Je suis donc allé sur internet pour en acheter et, afin de réduire les frais de port, je me suis résolu à en prendre deux. Excellent choix stratégique, comme je le constaterai par la suite. En effet, l’un des deux est à ma taille et l’autre légèrement trop grand. Le résultat est implacable : les deux élastiques postérieurs remontent sur les fesses pour le modèle un peu trop grand, ce qui brise tout effet esthétique. Par contre, l’autre modèle est parfaitement adapté et rempli son rôle à merveille, so eatable (enfin, c’est mon avis personnel…). Au final, si le modèle convient en taille, le jockstrap est un sous-vêtement léger, confortable et qui se fait très vite oublier par son porteur. J’aime beaucoup les caleçons qui peuvent être très érotiques mais le jockstrap ne restera pas non plus dans l’ombre (non, je n’ai pas d’éclairage électrique intégré à ma penderie).

Sur ces considérations subtiles, je change de sujet. J’ai déjà moulte fois parlé d’impro sur ce blog. Eh bien en ce moment, pour une raison que j’ignore, je vie une sorte de crise de confiance artistique. Ce que je fais n’a plus de valeur à mes yeux. C’est une situation assez critique pour un improvisateur car elle lui coupe les jambes (c’est une expression…). D’ailleurs, à mon dernier entrainement, je n’ai joué qu’un poisson qui est pêché et qui meurt desséché sur le sol, ceci afin d’illustrer l’action des autres joueurs. Il parait que mon poisson était criant de vérité, surtout au moment de sa mort : on m’a dit que j’étais bleu… j’ai toujours su que j’avais une âme de carpe en apnée…
M’enfin, le groupe se soude de plus en plus et c’est toujours une bonne nouvelle. D’ailleurs, samedi prochain, je passerai la soirée avec mes compères artistes, chez l’un deux. Il est gendarme et habite dans une caserne… fouille à l’entrée… hum… fantasme… sex… aaaaaaaaarrrrrrrrrrrrrh…. Pardon.

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Ah, Véronique Sanson a chanté une chanson qui s’appelle Saint Lazare ? Ah oui, effectivement… du Véronique Sanson dans le texte et dans le son… La prochaine fois, en cas d’attaque libidineuse, je penserai à écouter Miss Sanson pour me calmer ! Terriblement efficace...

mercredi 10 juin 2009

VICTOIRE A U DROIT FONDAMENTAL, MORT AU TYRAN !

Aujourd'hui, la bêtise est terrassée, la connerie annihilée, la stupidité renvoyée dans sa fosse septique.

Aujourd'hui, le Conseil Constitutionnel a jugé que l'HADOPI viole notamment DEUX articles de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 que sont la liberté d'expression et la présomption d'innocence.

Aujourd'hui, le Mal incarné dans le pauvre esprit de Miss Albanel est renvoyé dans l'abîme sans fond. Les députés et sénateurs qui avaient vendu leur âme pour le plaisir du chef sont couverts de honte.

J'exulte. Enfin le bandeau noir qui couvrait l'en-tête de mon site peut disparaitre.

Que ce sentiment de justice et de droit est doux pour moi...



mardi 9 juin 2009

Les petits plaisirs...

Les petits plaisirs de la vie ? C’est un beau sujet de discussion, s’il n’était forcé et donc artificiel. Essayons de retourner ce problème à mon avantage…

J’ai eu, pendant plusieurs années, un mal-être profond. Les raisons étaient multiples et complexes, je ne les exposerai donc pas ici de peur de vous ennuyer. Cependant, je peux vous dire que ce sont les petits plaisirs qui m’ont permis de remonter la pente. Ça commence par une pâtisserie que l’on s’offre pour le goûter, comme ça, pour le fun, pour se faire plaisir. Ça débute par un film pourri que personne n’a envie d’aller voir avec vous mais que l’on va voir quand même, seul mais ravi de s’offrir le droit de vivre et de profiter des choses comme on l’entend et pas comme les autres le permettraient (inconsciemment ou pas). C’est d’appeler un ami alors qu’il est 1h du matin et que l’on est fin torché en sachant que, le lendemain, il nous aura pardonné (c’est ça, un ami…). C’est offrir une babiole à quelqu’un qui en meurt d’envie mais qui n’ose pas franchir le pas. C’est faire des jeux de mots pourris à la chaîne avec un copain sans savoir qui des deux a réussi le plus beau flop de la soirée. C’est tourner au coin de la rue et tomber en fascination devant une représentation de sévillane (je suis marqué durablement). C’est aller voir un spectacle d’impro et sentir que, sur scène comme dans le public, tout le monde est détendu et s’amuse d’un rien. C’est apprécier les bides des autres autant que l’on jouit des siens (car il faut le faire : un bide assumé n’en est pas vraiment un). C’est s’assoir dans un sauna (je parle de la pièce chaude) et oublier que l’on a chaud en se rappelant les bons moments de la journée. C’est boire un verre de vin sur la terrasse d’un bar, se dire que le vin n’est pas le meilleur qu’on ait bu mais lui donner plus de valeur que n’importe quel autre parce que celui-là est partagé dans un doux tête à tête. C’est s’arrêter de lire un livre au moment où la tension est a plus forte et savoir qu’il suffit de le vouloir pour assouvir cette pulsion de connaitre la suite. C’est sourire d’un lapsus révélateur. C’est s’amuser des gens que l’on croise dans la rue.

Finalement, les petits plaisirs, ce n’est pas compliqué. C’est assouvir de temps en temps le besoin de possession (mais ne pas en devenir accro : la dépendance est source de souffrance, n’est-elle pas ?). C’est aussi s’offrir un instant de ce que l’on aime (donc, pour moi, vraisemblablement un instant gastronomique, improvisé, littéraire tordu, esthétique, etc.). Enfin, c’est recevoir une marque d’attention, d’affection, de complicité sans raison majeur de la recevoir. C’est pour ça que vous n’oublierez pas de sourire à ceux qui vous entourent, comme ça, sans raison, parce que vous leur offrirez des petits plaisirs et vous récolterez surement ce que vous aurez semé. Les petits plaisirs, c’est avoir les yeux qui étincellent, le cœur qui bondit, l’énergie qui déborde et la volonté de saisir chaque moment pour en tirer toute la saveur. C’est s’amuser de rien et rire de tout. Les petits plaisirs, c’est le chemin des optimistes et des gens heureux. Et moi, ma vie en rayonne…

Je gage qu’un petit plaisir de la vie, c’est aussi de transgresser les règles - et je le fais audacieusement lorsque j’ai conscience que ces transgressions ont peu de conséquences, ou que des conséquences positives. Je m’autorise donc à ne « taguer » personne, n’en déplaise à celui qui m’a poussé à écrire tout ça (si vous souhaitez savoir de qui je parle, il fait parti des sites en lien sur la droite… publicité tous ? Venant de moi, jamais !). Qui voudra parler de ses petits plaisirs de la vie peut le faire : il fera autant rêver les autres qu’il sera lui-même apaisé par le souvenir de ces bons moments.

Tiens, ça me rappelle que j’ai tenu il y a quelques jours une sérieuse discussion sur la valeur des souvenirs…

jeudi 4 juin 2009

Danses espagnoles

Comme dit dans mon précédent post, parmi les effets collatéraux de la corrida, les férias accueillent d’autres éléments du folklore hispanique. Il y en a un qui me charme tout particulièrement, c’est la danse que l’on peut voir dans les rues. Parfois, des femmes dansent le flamenco mais c’est assez rare car très difficile et dur d’accès pour les non-initiés. Au contraire, la sévillane est une danse qui se rapproche du flamenco mais qui est beaucoup plus « simple », tant à l’exécution qu’à la compréhension.




J’ai croisé deux fois une troupe de huit jeunes femmes, toutes habillées du costume traditionnel et dansant la sévillane. Cette danse implique des mouvements de bras et de mains assez délicats mais qui peuvent se précipiter, l’utilisation éventuelle de castagnettes et de claquettes (pour les hommes comme pour les femmes). C’est à cause de ce dernier point que la sévillane est très souvent dansée sur un sol de pierre ou, mieux, une scène en bois surélevée. Ainsi, le coup de pied raisonne fortement et marque le tempo.


La sévillane peut se danser seule (et j’insiste sur le genre du mot car je n’ai jamais vu un homme danser seul) ou en couple. Enfin, quand je dis couple, comprenez un homme accompagnant une femme ou deux femmes ensembles. Dans la troupe des huit femmes, il y en avait une qui sortait nettement du lot. Elle était petite mais au teint mat et d’origine gitane. Le flamenco comme la sévillane sont des danses injustes : seuls les gens issus du milieu tzigane dégageront la noblesse véritable de ces danses. Tous les autres ne seront jamais que de pâles copies… La petite gitane avait donc cette classe. Il est très difficile d’expliquer le charme fou qui se dégageait de son port de tête, sa cambrure fière, la cassure de ses poignets, la force de ses mains. Elle était royale.



Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, je suis donc resté envoûté devant ce petit bout de femme, fière comme un coq. Il faut dire que si les hommes ont des pantalons forts seyants, la sévillane ne les met pas en valeur. Normal, me direz-vous ! J’ai le sentiment que cette danse est faite uniquement pour que les hommes puissent apprécier la grâce des femmes. Ainsi, mêmes les danseurs ont une posture qui leur permet de tourner autour de la demoiselle tout en l’observant sous toutes les coutures et en les accompagnant du bras pour les faire danser encore et encore sous leurs yeux, pour leur plaisir. Ce qui ne les empêche pas d’avoir la même cambrure que leur compagne, de leur faire des passes comme si ils les toréaient et de taper du pied comme le taureau en rut prêt à charger. Se rincer l’œil, oui, mais en toute virilité !

mardi 2 juin 2009

Féria et corrida

Avant de commencer à lire, une petite musique de fond s’impose…
http://www.deezer.com/track/1348102

Si vous aviez été à la féria de Nîmes, ce week end, vous auriez pu m’y croiser (ou pas). L’événement a la même dénomination que les beuveries de Bayonne (ce qui me semble être un titre plus proche de la réalité pour ces festivités du sud-ouest) mais les férias de Nîmes sont des fêtes beaucoup plus traditionnelles.

Nîmes n’est pas la ville française la plus proche de l’Espagne. Cependant, la « cité au crocodile » possède une tradition hispanique forte (ainsi que camargaise, romaine, provençale…). Aujourd’hui, une des traces de cette identité repose sur la corrida. Il s’agit d’un spectacle où l’homme défie le taureau et l’affronte dans un combat à mort (en bons professionnels, les matadors gagnent souvent le duel). Chaque année, deux férias sont organisées à Nîmes, une au début de l’été et l’autre en septembre, pour les vendanges. La corrida a une position centrale et de nombreux éléments liés à elle se répandent dans la ville. Nombreuses sont les bandas dans les rues. Ce sont des sortes de groupes musicaux typiques dont les airs sont directement issus de ceux joués par la troupe qui accompagne musicalement le torero dans l’arène. On trouve aussi un peu partout des danseurs et danseuses de sévillane et de flamenco. Ça et là, des clins d’œil aux taureaux, aux banderilles, à l’habit si particulier des toreros. Tiens, en parlant de ça, vous l’avez vu, ce costume ? Tous les toreros ont une posture cambrée tout à fait exagérée car ces hommes ont un égo plus développé que celui de Miss Royal et Mister Sarko réuni ! Mais, au-delà de la posture, regardez le pantalon : ça leur moule les fesses, c’est totalement indécent !!! Heureusement, les toreros n’ont pas souvent un joli visage, il y a une justice sur terre… Enfin, la féria est un moment de réjouissances et les rues se couvrent de monde le soir venu, badauds allant déguster une gardianne de taureaux faite avec les morceaux des bêtes tombées dans l’arène (il s’agit d’une daube, c’est excellent) ou, plus nombreux, des milliers de gens s’offrant mutuellement pastis, bière, sangria ou autre. Contrairement aux fêtes de Bayonne, les soirées nîmoises sont plutôt bon enfant et très peu de gens se retrouvent aux urgences (même si quelques rixes sont inévitables et qu’on n’est jamais à l’abri d’un con fin bourré). De mémoire, l’année dernière, il y a eu une dizaine de personnes blessées sur plusieurs millions de visiteurs…

Je dois maintenant vous parler de la corrida elle-même. La corrida fait parti des débats « pour ou contre ». Les arguments des gens anti-corrida sont souvent les mêmes et sont assez connus : traitement inhumain et cruel, l’animal souffre... Ajoutez à cela les codifications de la corrida qui peuvent parfois sembler barbare (il est vrai que récompenser le matador en lui offrant les oreilles et la queue fraichement découpées sur la bête vaincue peut choquer la sensibilité des plus sensibles). Il me faut vous expliquer un peu plus la corrida afin de vous débarrasser des idées fausses sur le sujet.

Tout d’abord, le déroulement de la corrida (et on change de musique :
http://www.deezer.com/track/1866144).
Normalement, chaque corrida présente trois toreros qui passeront deux fois chacun. A raison de 20 minutes par taureau, le spectacle dure donc plus de deux heures. Celui-ci est présidé par trois « juges » qui composent la présidence. C’est elle qui décidera à la fin de chaque représentation si le matador mérite récompense (les fameuses oreilles et la queue). En fait, le public dispose d’une oreille : si le spectacle lui a plu, il peut, à la fin, agiter un foulard blanc pour le signaler et la présidence doit alors céder une oreille au torero. L’autre oreille et la queue (pour les présentations particulièrement extraordinaires et donc particulièrement rares) sont à sa disposition (même si le public met souvent la pression sur elle pour qu’elle cède la deuxième oreille quand la première est tombée).

La corrida est extrêmement codifiée et je ne connais pas toutes les subtilités du combat mais je peux donner quelques informations sur les différentes étapes. La première, c’est l’arrivée du taureau dans l’arène. Celui-ci a été présentée par un panneau qui indique notamment son poids et son éleveur (qui met sa réputation en jeu par les bêtes qu’il propose). Le taureau doit être combatif, aux cornes parfaites et intactes, en lyre, symétriques. Si le taureau montre des signes de faiblesse, de combativité, de défaut sur les cornes ou tout autre problème lié à sa vaillance, il peut être renvoyé en coulisse : on veut un taureau à la hauteur de son adversaire ! Ainsi, vous pouvez constater que le taureau est choisi notamment sur ses capacités de combat et donc il lui est donné des chances de s’en sortir !

Deuxième étape : les picadors entrent en scène. Les picadors sont des hommes à cheval avec une longue lance. Le taureau doit charger le cheval qui est très protégé sur un flanc et dont les yeux sont bandés. Pendant que le taureau donne des coups de corne dans la protection du cheval, le cavalier plante sa lance dans la nuque de la bête. L’objectif est de couper un tendon pour que le taureau ne puisse plus relever la tête et encorner le torero. Si c’était le cas, ce dernier n’aurait aucune chance. Quand au cheval, il y a un risque qu’il se fasse encorné sur son flanc non protégé mais il arrive aussi que le taureau, en donnant des coups de corne, fasse décoller protection et cheval à la fois. Ces événements sont cependant très rares. Je glisse au passage que les toreros sont vraiment très attachés à leurs montures, l’union entre les deux êtres est énorme. La corrida équestre où le torero est toujours à dos de cheval et va toréer le taureau en utilisant sa propre monture comme cape en est la preuve ultime : la complicité totale entre l’homme et le cheval permet de défaire le taureau.

Troisième étape : les « hommes de main » du torero, les péons, vont planter les banderilles. Le torero peut décider de le faire lui-même : il a le contrôle total de son équipe et de la gestion de la corrida. La passe est très codifiée et la règle principale est la suivante : l’homme doit s’approcher du taureau de face et, lorsque le taureau le charge, sauter pour lui planter les banderilles (bâtons décorés avec un crochet au bout) sur le dos. Les banderilles doivent être accrochées alors que l’homme est littéralement dans les cornes de la bête !!! Je n’arrive pas à comprendre d’un point de vue objectif comment l’homme arrive à se sortir des cornes mais force est de constater qu’il y arrive. Le danger est toutefois énorme et le mouvement remarquablement esthétique. Pour les âmes sensibles, sachez que les banderilles sont plantées dans une zone très peu innervée du taureau, ce qui limite la douleur mais énerve l’animal… Cette étape est donc remarquablement belle et le taureau est à armes égales avec l’homme qui l’approche.

Quatrième étape : le torero fait son entrée avec une cape. On dit que les taureaux n’aiment pas le rouge mais c’est le mouvement qui leur déplait. La cape est donc régulièrement rose et jaune… L’objectif du torero est de présenter la cape au taureau pour qu’il la charge et qu’il la suive. Une belle passe consiste à avoir la tête du taureau dans la cape, donc dans la main droite, et de toucher sa croupe avec la main gauche. L’appréciation repose en général sur la capacité du torero à tromper le taureau tout en le laissant s’approcher le plus de lui. Le danger est grand mais la satisfaction du contrôle sur la bête d’autant plus appréciable. Si la tension est importante, la présidence peut demander à la fanfare de l’arène de commencer à jouer sa musique. Le moment devient alors magique et, si la chose est bien faite, il est difficile de ne pas broyer le bras de son voisin par nervosité.

Cinquième et dernière étape : la mise à mort. On appelle alors matadors le torero qui va porter l’estocade. Étonnamment, tout le monde peut sentir que le taureau accepte la mort et le duel final, en one shot. Taureau et matadors se font face. Le matador tient une épée et une cape rouge dans une position caractéristique. C’est lui qui, en bougeant d’un geste sec la cape, déclenche la charge du taureau. Au moment où il arrive sur l’homme, celui-ci bondit en avant et plante l’épée dans l’échine de la bête. En effet, il y a là un trou de la taille d’une pièce de deux euros qui permet d’atteindre les organes vitaux. Une belle mise à mort consiste donc à enfoncer l’épée jusqu’à la garde dans cet orifice… Pour accélérer le processus et abréger les souffrances de l’animal, l’épée est ensuite retirée et des capes sont éventuellement agitées devant lui pour le faire bouger. Il arrive que le matador se place face au taureau mourant et le remercie. Il est clair dans la tête du torero que ce qu’il a, il le doit à son ennemis. D’ailleurs, on y songe peu mais les gens de la corrida sont tous des gens qui aiment et respectent profondément les taureaux. Bref, l’animal tombe sur ses genoux avant puis s’allonge sur le flanc. Pour arrêter l’agonie de manière certaine, un péon va planter un petit couteau dans la nuque de la bête, juste derrière le niveau des cornes. La mort est alors subite et définitive.

Le taureau est trainé par un attelage hors de l’arène. En fonction de la bravoure qu’il a montrée, les acclamations du public peuvent être très importantes et la présidence peut demander à ce que l’attelage fasse faire un tour de piste au taureau. C’est une manière de saluer son ennemi, le respect de l’animal étant toujours présent. Si le taureau était vraiment remarquable, il aurait même pu être gracié par la présidence juste avant la mise à mort. Le matador porte alors une estocade symbolique en posant sa main là où l’épée aurait dû pénétrer. Au contraire, il arrive que le matador rate la mise à mort. Personnellement, à ma première corrida le matador a essayé quatre fois de porter l’estocade sans résultat. Il a ensuite essayé de tuer l’animal grâce au couteau planté dans le coup. C’est à la cinquième reprise qu’il y est parvenu. Le public était outré de voir une telle boucherie. Le matador a eu droit à une bronca énorme : sifflets, cris, injures. La corrida n’est pas un lieu de barbarie et le matador est reparti la tête bien basse, honte suprême pour sa condition. Ainsi le taureau peut recevoir les honneurs et le matador être totalement déshonoré.

J’espère que cette description de corrida éclaire mieux la chose dans vos esprits. Je comprends qu’un combat à mort puisse ne pas plaire mais il est totalement injuste de dire qu’il s’agit là de cruauté et de barbarisme. Sachez que les taureaux sont ensuite envoyés dans les restaurants autour de l’arène pour être mangés (la viande que vous avez dans vos assiettes, un jour, était vivante). Sachez aussi que les taureaux qui sont choisi pour la corrida sont sélectionnés sur leur vaillance. Ils ont donc une qualité de vie bien meilleure que leurs congénères destinés à l’abattoir. Ces taureaux sont choyés, respectés et aimés. Peut-être cette dernière constatation, inimaginable sans explication, changera l’idée que vous avez de la corrida. Olé !