Plusieurs points aujourd'hui. Je commence par une parenthèse et ensuite j'enchaînerai sur une anecdote (je vous épargne la minute politique, bien que notre très chère Ministre de la Justice mériterait bien un grand sourire parodié...).
Ma parenthèse, donc. Peut-être avez-vous lu le dernier message du blog
Tu mourras moins bête (mais tu mourras quand même). Y est fait référence aux statistiques qui peuvent être relevées sur la fréquentation d'un blog.
Il se trouve que je n'avais moi-même aucun outil pour connaître ces chiffres mais j'ai saisi l'occasion proposée pour m'en installer un. Résultats en moins de 24 heures ! Hier, ce blog aurait été visité par une quinzaine de personnes en France, les autres étant basés au Canada et en Belgique. La première pensée qui s'est formée dans mon esprit - "Incroyable ! Des 'étrangers' peuvent lire et s'intéresser à ce que j'écris ! Grâce à Internet, le monde est réellement petit." - a très vite été éclipsée par la suivante : "JE SUIS LU ! VOUS EXISTEZ !!!". Alléluia.
Peut-être que cette idée peut vous paraître surprenante, voir ridicule, que je mette en doute votre existence, à VOUS, qui pourtant êtes sûr d'être bien consistants. C'est que j'écris en pensant à celui qui me lit. Ces lignes n'existent uniquement que par le lecteur qui les parcourt. C'est pourquoi je parle au lecteur et non pas à moi-même ou à un mur (qu'on pourrait aussi appeler Psychanalyste Freudien...).
Cependant, jusqu'ici, (presque) rien ne pouvait me laisser croire que mon blog était visité. Certes, certains laissèrent quelques commentaires par le passé mais ces derniers se comptent sur les dix doigts de la main (cinq suffiraient même peut-être). Mis à part ça, je n'ai qu'un seul gage d'attraction : la pertinence de ce que j'écris. Et je suis loin de penser que ce que je couche sur écran a toutes les qualités requises pour être d'une accroche sans faille. Je supposais qu'il y aurait un à deux visiteurs par jour au maximum. Il semble que je me sois trompé... pour mon grand plaisir, naturellement !
Fin de parenthèse, début d'anecdote. Hier soir, L. (qui démissionne de ma boite, je vous le
rappelle) a organisé une soirée dans un bar parisien, près de rue Mouffetard, avec une quinzaine de personnes de la boite. Toutefois, nos relations sont plus amicales que professionnelles, dans l'ensemble.
La soirée fut excellente. Tout avait été fait pour. Le bar était connu de nous et, mis à part la désagréable surprise de la grande tablée bruyante qui nous jouxtait, nous savions que l'endroit était une valeur sûre. Une petite quête avait été faite dans les bureaux pour offrir une dizaine de petits cadeaux à la star de la soirée (ça allait des boules de pétanque au matériel d'escalade en passant par un nécessaire à couture...). Les cocktails n'étaient pas chers et de bonne qualité. En parlant cocktail, les esprits se sont un peu échauffés avec l'heure avançant. Tant et si bien que tous le monde en est venu à me poser des questions sur la personne avec qui je devais aller au restaurant le lendemain (c'est-à-dire ce soir).
Deux précisions importantes : la personne de ce soir, c'est mon allemand de dimanche dernier ; il n'y avait que L. et, depuis peu, M. qui savaient que je suis gay. Par contre et comme souvent, beaucoup s'en doutaient. Un jeu s'est donc mis en place. Ils avaient tous le droit de me poser une question sur ma soirée prévue, pas plus, pas moins. J'aime jouer, je sais répondre de manière ambiguë et je sais qu'il faudra bien un jour qu'ils apprennent mes goûts pour la virilité. Je joue.
Il est étonnant de voir à quel point les gens qui ne sont pas "préparés" mentalement à avoir un gay dans leur entourage ne songent pas cette possibilité, même quand elle devient flagrante. Pour eux, ça n'existe pas et, en conséquence, ils ne peuvent même pas l'envisager, ça ne leur vient pas à l'esprit. Il est aussi très amusant de voir la gène de certaines personnes qui voudraient poser la question fatidique "es-tu gay ?"mais qui n'osent pas et qui, pour palier à cette pudeur, trouvent des moyens détournés très originaux mais ô combien flous pour le faire. La première question a donc été "Où l'as-tu rencontrée ?" suivi de "Comment est-elle ?". J'ai supposé qu'il parlait de LA personne que je devais voir et ma description est restée très neutre (les cheveux noirs, les yeux bleus, un corps bien fait, une taille assez grande...).
Les questions suivantes (posées par des informaticiens qui tiennent leur rang) étaient moins délicates : est-ce qu'elle avale ? Est-ce que l'objectif est de la sauter ? Et là où c'est totalement parti en vrille, c'est quand P. (chasseur de nanas de son état) est arrivé : "est-ce que c'est un homme ?". Difficile de trouver une réponse à double sens à cette question... j'ai dit oui, naturellement. Et à partir de là, je n'ai plus répondu à grand chose à force de me bidonner en entendant les questions suivantes : est-ce que vous allez éliminer les calories du repas en faisant du sport qui nécessite emboîtement ? Est-ce que tu aimes la sodomie (question par ailleurs mal posée car n'importe quel hétéro pourrait répondre oui : quand c'est lui qui reste derrière) ? J'en passe et des meilleures.
Et puis le soufflé d'excitation qui s'était monté en dix minutes est retombé d'un coup avec une série de départ. J'ai pu à nouveau respirer. Je sais que, dans mon dos, ça a jasé - mais je ne sais pas en quels termes. Ce n'est pas grave, il était temps qu'ils aient la puce à l'oreille et je me gausse d'être source de discutions : je ne suis pas en reste avec les autres. Cependant, je ne suis pas réconforté à l'idée que des collègues de boulot (car ils le sont toujours, malgré tout) sachent ce détail de ma vie car je sais que profession et homosexualité ne font pas bon ménage. J'espère que le futur me prouvera que j'ai bien fait. D'ici-là, j'irai me réconforter dans les bras solides de mon armoire d'outre-Rhin.
Bonne journée !