vendredi 1 mai 2009

Dans les rues de Montmartre

Aujourd'hui, le temps était magnifique sur Paris. La température avoisinait les 25 degrés et seul un gros nuage bedonnant tout droit sorti du plafond de la Chapelle Sixtine flottait au dessus de la ville, n'en cachant qu'une petite partie au Soleil. Il n'était pas concevable de rester cloîtré chez soi. Je suis donc sorti me balader et ma cible fut le Sacré Cœur, au sommet de la butte Montmartre.

On a beau le savoir, ça surprend toujours : Montmartre est une fourmilière de touristes. Pas qu'étrangers, d'ailleurs. Très vite, je me suis rendu compte qu'ils avaient tous décidé de monter sur la butte aujourd'hui ! C'était claffi de monde. Si la foule avait été comptabilisée dans les chiffres des manifestations du jour, ces derniers auraient au moins doublés.

En montant les petites rues, j'ai pu laisser aller mon regard à droite à gauche et le décor surpassait largement la population. De manière assez inattendue, les gens étaient plutôt neutres dans leur aspect. Pas de gros, pas de petits, pas de maigres, pas de vieillards, pas d'adolescents. La majorité des personnes étaient des couples avec leurs enfants. Par contre, les boutiques étaient extraordinaires. Des souvenirs en toc, des tableaux de la catégorie des "croûtes", des posters de Marylin Monroe dont le rapport avec le lieu restent à trouver, tout était au top. Il y avait aussi quelques dessinateurs prêts à se jeter sur le faible touriste pour le croquer et lui revendre une feuille de papier salie au fusain à prix d'or. Adossé au mur du Sacré Coeur, un pantomime se laissait prendre en photo avec les amateurs de clichés hideux. Il faut tout de même souligner que le pantomime en question était tout de blanc drapé et maquillé, qu'il était assis en surplomb sur une sorte de pied de colonne dorique blanche, le tout sur un fond de velours violet. Je ne vous laisse pas languir davantage sur le rendu de la chose : mortuaire. Rien qu'à le regarder, je me sentais mal à l'aise... Mais le cliché suprême revient à l'élégante demoiselle du carrefour habillée d'une robe violette années 30 et coiffée d'un chapeau assorti et piqué de petites fleurs jaunes. En décor, un foisonnement de fleurs et d'herbes factices accrochées à une ombrelle géante protégeant la demoiselle des rayons solaires qui auraient pu brunir sa peau de parisienne d'antan. Elle jouait Mon amant de Saint Jean à l'accordéon en se balançant lentement d'un pied sur l'autre et en attendant que les passants lancent une petite pièce dans son chapeau pour pouvoir se positionner à coté d'elle et immortaliser cet instant certes totalement faux mais tellement charmant et authentique. Les candidats étaient nombreux. J'ai passé mon chemin, un peu frustré de ne pas avoir trouvé à quoi la demoiselle aux fleurs pensait, son regard perdu dans le lointain...

Arrivé devant le Sacré Cœur, personne ne peut faire l'économie d'un regard prolongé sur Paris. C'est le centre Pompidou (Beaubourg) qui saute aux yeux en premier, à cause de ses tuyaux bleu géants qui jurent dramatiquement avec le reste des bâtiments. Viennent ensuite la tour Montparnasse, la tour Saint Jacques (si belle...), Notre-Dame de Paris, les Invalides, la Gare du Nord, le Grand Palais, la bibliothèque François Mitterrand... Paris est définitivement une ville splendide.

Une autre chose inévitable, quand on a atteint le sommet de la butte Montmartre, c'est la visite du Sacré Cœur lui-même. Il faut faire la queue pour y pénétrer... A l'intérieur, les blancs étaient couverts de monde : une messe était en cours ! Un joueur d'orgue, cinq prêtres, une douzaine de bonnes sœurs et les reliques de Sainte Thérèse au pieds de l'hôtel, l'instant se voulait important. Pourtant, le flot des touristes (dont je faisais parti) coulait tout autour des croyants dans un brouhaha à peine masqué. Passé le premier moment de surprise lié à la découverte de la cérémonie, je suis resté coît devant les bougies... à dix euros pièce !!! Pourtant j'ai vérifié : Montmartre n'est pas dans le 16ème arrondissement ! Je suis entrainé par le courant humain qui me fait contourner le cœur alors que les sœurs déclament un chant poignant (ce qui n'est pas vraiment le terme que j'emploie en temps normal). Et là, c'est le drame. Sur le flan de la basilique, à l'intérieur même de celle-ci, une boutique de Vierges et de crucifix !

Une citation s'impose. Évangile selon Saint Mathieu :
21.12 Jésus entra dans le temple de Dieu. Il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons.
21.13 Et il leur dit: Il est écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de voleurs.

Les catholiques violent sans remords ni regrets les plus grands principes de leur croyance. Dieu a détruit les temples juifs car ils commerçaient dans Sa maison, Jésus a poursuivi de manière violente dans cette voie et pourtant ils transforment encore la maison du Seigneur en temple de l'économie. J'ai eu mal en voyant ces petites statuettes soldées. J'ai été blessé moralement. Sans doute ne suis-je donc pas indifférent à l'idée qu'il y a quelque chose qui nous surplombe et qui nous observe/guide. Mais le pire est venu quand quelques louanges sont parvenues en même temps à mes oreilles, et je n'ai pu m'empêcher de penser que ces belles phrases-là qui prônent l'amour et le partage ne sont que des supports pour extorquer la monnaie des petites gens. Je suis sorti aussitôt de cet endroit sale.

Dieu, ait pitié des esprits simples car ils ne savent pas ce qu'ils font.

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