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Nîmes n’est pas la ville française la plus proche de l’Espagne. Cependant, la « cité au crocodile » possède une tradition hispanique forte (ainsi que camargaise, romaine, provençale…). Aujourd’hui, une des traces de cette identité repose sur la corrida. Il s’agit d’un spectacle où l’homme défie le taureau et l’affronte dans un combat à mort (en bons professionnels, les matadors gagnent souvent le duel). Chaque année, deux férias sont organisées à Nîmes, une au début de l’été et l’autre en septembre, pour les vendanges. La corrida a une position centrale et de nombreux éléments liés à elle se répandent dans la ville. Nombreuses sont les bandas dans les rues. Ce sont des sortes de groupes musicaux typiques dont les airs sont directement issus de ceux joués par la troupe qui accompagne musicalement le torero dans l’arène. On trouve aussi un peu partout des danseurs et danseuses de sévillane et de flamenco. Ça et là, des clins d’œil aux taureaux, aux banderilles, à l’habit si particulier des toreros. Tiens, en parlant de ça, vous l’avez vu, ce costume ? Tous les toreros ont une posture cambrée tout à fait exagérée car ces hommes ont un égo plus développé que celui de Miss Royal et Mister Sarko réuni ! Mais, au-delà de la posture, regardez le pantalon : ça leur moule les fesses, c’est totalement indécent !!! Heureusement, les toreros n’ont pas souvent un joli visage, il y a une justice sur terre…


Tout d’abord, le déroulement de la corrida (et on change de musique :
http://www.deezer.com/track/1866144).
Normalement, chaque corrida présente trois toreros qui passeront deux fois chacun. A raison de 20 minutes par taureau, le spectacle dure donc plus de deux heures. Celui-ci est présidé par trois « juges » qui composent la présidence. C’est elle qui décidera à la fin de chaque représentation si le matador mérite récompense (les fameuses oreilles et la queue). En fait, le public dispose d’une oreille : si le spectacle lui a plu, il peut, à la fin, agiter un foulard blanc pour le signaler et la présidence doit alors céder une oreille au torero. L’autre oreille et la queue (pour les présentations particulièrement extraordinaires et donc particulièrement rares) sont à sa disposition (même si le public met souvent la pression sur elle pour qu’elle cède la deuxième oreille quand la première est tombée).
La corrida est extrêmement codifiée et je ne connais pas toutes les subtilités du combat mais je peux donner quelques informations sur les différentes étapes.

Deuxième étape : les picadors entrent en scène. Les picadors sont des hommes à cheval avec une longue lance. Le taureau doit charger le cheval qui est très protégé sur un flanc et dont les yeux sont bandés. Pendant que le taureau donne des coups de corne dans la protection du cheval, le cavalier plante sa lance dans la nuque de la bête. L’objectif est de couper un tendon pour que le taureau ne puisse plus relever la tête et encorner le torero. Si c’était le cas, ce dernier n’aurait aucune chance. Quand au cheval, il y a un risque qu’il se fasse encorné sur son flanc non protégé mais il arrive aussi que le taureau, en donnant des coups de corne, fasse décoller protection et cheval à la fois. Ces événements sont cependant très rares. Je glisse au passage que les toreros sont vraiment très attachés à leurs montures, l’union entre les deux êtres est énorme. La corrida équestre où le torero est toujours à dos de cheval et va toréer le taureau en utilisant sa propre monture comme cape en est la preuve ultime : la complicité totale entre l’homme et le cheval permet de défaire le taureau.


Le taureau est trainé par un attelage hors de l’arène. En fonction de la bravoure qu’il a montrée, les acclamations du public peuvent être très importantes et la présidence peut demander à ce que l’attelage fasse faire un tour de piste au taureau. C’est une manière de saluer son ennemi, le respect de l’animal étant toujours présent. Si le taureau était vraiment remarquable, il aurait même pu être gracié par la présidence juste avant la mise à mort. Le matador porte alors une estocade symbolique en posant sa main là où l’épée aurait dû pénétrer. Au contraire, il arrive que le matador rate la mise à mort. Personnellement, à ma première corrida le matador a essayé quatre fois de porter l’estocade sans résultat. Il a ensuite essayé de tuer l’animal grâce au couteau planté dans le coup. C’est à la cinquième reprise qu’il y est parvenu. Le public était outré de voir une telle boucherie. Le matador a eu droit à une bronca énorme : sifflets, cris, injures. La corrida n’est pas un lieu de barbarie et le matador est reparti la tête bien basse, honte suprême pour sa condition. Ainsi le taureau peut recevoir les honneurs et le matador être totalement déshonoré.
J’espère que cette description de corrida éclaire mieux la chose dans vos esprits. Je comprends qu’un combat à mort puisse ne pas plaire mais il est totalement injuste de dire qu’il s’agit là de cruauté et de barbarisme. Sachez que les taureaux sont ensuite envoyés dans les restaurants autour de l’arène pour être mangés (la viande que vous avez dans vos assiettes, un jour, était vivante). Sachez aussi que les taureaux qui sont choisi pour la corrida sont sélectionnés sur leur vaillance. Ils ont donc une qualité de vie bien meilleure que leurs congénères destinés à l’abattoir. Ces taureaux sont choyés, respectés et aimés. Peut-être cette dernière constatation, inimaginable sans explication, changera l’idée que vous avez de la corrida. Olé !
Pas mal!!Voilà une description bien faite et plutôt objective.je retrouve tout à fait le déroulement d'une corrida.
RépondreSupprimerUne chose cependant: La pique de rompt pas un tendon. Il est difficile d'imaginer qu'un cou aussi puissament musclé ne soit actionné que par un seul tendon qu'une pique peut rompre. D'aprés ce que l'on m'a expliqué, il s'agit en fait de "châtier" l'animal pour le forcer a ne pas trop lever la tête, là dessus, tu as raison.S'il avait l'impossibilité de le faire, il ne sortirait pas des passes en sautant le museau bien haut.
En tous cas, cela me fait plaisir de replonger dans cette ambiance si particulière. merci de cet article.
On pourrait très bien conserver le "charme" de la corrida sans pour autant tuer le taureau, qu'il ait été vaillant ou pas. Le torero choisit d'être dans l'arène, le taureau non, il y est contre sa volonté.
RépondreSupprimerLes corridas sans mise à mort existent, effectivement. Néanmoins elles perdent leur intérêt central : la corrida est un combat à mort ! Le torrero le sait, le taureau aussi. Ce spectacle, tout à fait "animal", c'est vrai, n'appèle que l'instinct du taureau et celui de l'homme. C'est une démonstration de virilité. Je ne pense pas que l'on puisse dire que le taureau n'a pas la volonté de se battre : si c'est le cas, il est retiré de l'arène pour manque de combativité !
RépondreSupprimerFinalement, le grand paradoxe de la corrida, c'est d'avoir extrêmement codifié, encadré, pétri de symboles, c'est-à-dire civilisé un affrontement qui n'est rien d'autre que de la force sauvage. Un paradoxe qu'il n'est possible d'appréhender qu'avec des explications et en étant face à ce spectacle hors du commun.